Déménagement du fonds Ely : de nouvelles découvertes

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Le déménagement du fonds Ely a permis de découvrir de nouveaux trésors, accentuant un peu plus la valeur patrimoniale de cette collection nichée dans le passage Agard pendant 120 ans.

Déménagement du fonds Ely : de nouvelles découvertes

2 millions. Le chiffre est connu, celui du nombre de photos constituant le fonds d’archives du studio Henry Ely à Aix. Certaines images témoignent déjà de sa richesse et de sa diversité. Citons par exemple, le général De Gaulle ou Churchill dans la sphère politique, Frédéric Mistral ou les grandes stars du cinéma comme Fernandel ou Belmondo dans le champ culturel. Toutefois, la majorité des archives est constituée d’anonymes qui ont façonné notre ville et son identité. Un patrimoine inestimable.

De nouvelles découvertes

Le studio Ely a donc quitté son berceau originel en octobre 2023, après 120 ans passés dans les locaux du passage Agard. L’occasion de faire le grand tri dans un lieu qui n’avait quasiment pas bougé depuis sa création. Et le fonds n’a pas encore dévoilé tous ses secrets.

C’est en déplaçant des centaines de milliers de négatifs, plaques de verre ou photos empilées sur des armoires centenaires, que les frères Ely ont fait de nouvelles découvertes.
« Nous n’avons aucune difficulté à avouer que nous ne connaissons pas toutes les images que nous possédons ! C’est d’ailleurs ce qui donne une part de mystère à notre fonds » appuie Jean-Eric. Et de fait, de nouveaux trésors ont été mis au jour avant leur placement dans les cartons de déménagement. « Nous avons par exemple trouvé une série d’images qui datent de la période 39 - 45, notamment des reproductions. Certaines interpellent et ont une résonance dramatique comme cette photo du « champion de lutte de race juive » (sic) ou des cartes d’identité d’Aixois avec l’inscription « Juif » tamponnée sur toute la diagonale du document » renseigne le photographe. Toujours sur la même période, c’est une lettre signée d’Adolf Hitler lui-même qui a été retrouvée. Elle vient remercier l’auteur d’un poème pétainiste adressée au Führer. « Tous ces documents sont la trace d’un passé, d’une histoire qui s’est écrite à Aix. Parfois glorieuse, parfois honteuse. Nous avons aussi mis la main sur d’autres pièces d’une valeur inestimable mais que je ne préfère pas révéler pour le moment. »

Un lot de plaques de verre a aussi été remarqué. «  Le studio est grand mais il est composé de petites pièces exiguës, parfois sous des combles. Bref, certains espaces n’avaient pas été visités depuis des dizaines d’années. Un soir, nous avons retrouvé des dizaines de plaques de verre dans un des recoins du grenier, posées à même le sol. Nous avons hâte de les examiner attentivement. »

Archiver, acquérir, valoriser

Lors d’une conférence de presse le 26 septembre, le maire Sophie Joissains a présenté le projet de préservation du fonds Ely par la Ville.

La première étape consiste à accueillir le fonds dans ses archives. Une délibération a été prise en conseil municipal en ce sens. Il s’agit d’accompagner l’association Ceppia (Collectif Ely Patrimoine Photographique Iconographique Aix-en-Provence) pour la préservation de ce patrimoine en offrant des conditions optimales de conservation. Dans cet objectif, le bâtiment Vovelle détient toutes les qualités hygrométriques et techniques.

Dans une deuxième phase, la Ville va se porter acquéreuse du fonds. Son achat est primordial. « Il est clair aujourd’hui que ce fonds doit appartenir à tous les Aixois. La Ville qui détient une compétence forte en matière patrimoniale et archivistique se portera donc candidate pour acquérir ce fonds et ainsi, non seulement éviter toute dispersion mais également garantir sa valorisation. Une expertise est en cours et dès qu’elle sera finalisée, cette seconde étape pourra se mettre en œuvre » a précisé Sophie Joissains.

L’étape ultime sera la valorisation de ce fonds et la création d’un « Centre d’art photographique Ely » où sera proposée une exposition permanente sur Aix à travers les siècles et une temporaire touchant un plus large public. « Ce centre doit être placé au cœur du centre historique pour que chaque Aixois puisse se l’approprier » a souligné le maire d’Aix-en-Provence.


L’HISTOIRE DU STUDIO

Formé chez les Frères Lumière, inventeurs du cinéma, Henry Ely a fondé le Comptoir Photographique en 1888, à 27 ans, puis le Studio Henry Ely en 1903 au passage Agard, qui porte toujours son nom et sa signature. S’y succéderont trois autres générations de photographes : Hugo Ely, Jean Ely et Jean-Eric Ely. Les quatre photographes de la famille cumulent plus de 150 années d’expérience photographique. C’est ensemble qu’ils signent « Photos Henry Ely – Aix »




©Henry Ely - Aix Lavandières 1895

LES LAVANDIÈRES DU BORD DE L’ARC

Elles constituent des scènes de vie iconiques du début du XXe siècle. Les « lavandières », reproduites par Paul Gauguin ou Auguste Renoir désignent les femmes qui lavaient le linge essentiellement avec des cendres et de l’eau, puis à la main ou au battoir, dans un cours d’eau ou un lavoir. « Nous possédions déjà quelques photos de ces femmes au bord de l’Arc. Mais nous venons de retrouver toute une série de plaques de verre en excellente qualité » dévoile Jean-Eric Ely.

À LA RECHERCHE DES AUTOCHROMES

« Venez voir les autochromes d’Henry Ely ! » Voilà l’inscription déchiffrée sur un vieux carton - malheureusement vide - lors du déménagement du studio. Ce procédé révolutionnaire de restitution des couleurs a été breveté par les frères Auguste et Louis Lumière le 17 décembre 1903. Retrouver ces autochromes permettrait de matérialiser la contribution du fondateur du studio Ely aux avancées techniques majeures de la photographie du XXe siècle.