Le contexte historique
Entre 1795 et 1802, l’école de dessin d’Aix est remplacée par un enseignement au sein des Écoles Centrales qui se composent de différentes chaires auxquelles sont attachés dix professeurs dont un de dessin.
En 1802, le maire d’Aix-en-Provence, François Sallier (Aix-en-Provence, 1767 - 1831), réouvre une école gratuite de dessin. Il y nomme Louis-Mathurin Clérian (1768–1851) professeur puis, en 1810, Jean-Antoine Constantin (1756–1844), son ancien maître dans l’ancienne école de dessin comme… professeur adjoint.
Parallèlement à la collection de l’école de dessin, une collection municipale s’est constituée spontanément dans une salle de l’hôtel de ville. La collection s’enrichit de quelques tableaux sous la Restauration (1814-1830) grâce à Auguste de Forbin, ami de François-Marius Granet (1775- 1849) qui occupe successivement les fonctions de directeur général des musées royaux, puis d’inspecteur général des Beaux-Arts.
Favorisant sa ville natale, il obtient des mises en dépôt d’œuvres tirées de la collection du roi qui sont placées dans différentes églises d’Aix-en-Provence ainsi que dans le musée de la ville. Parmi ces œuvres, La Nuit du 20 mars 1815 aux Tuileries peinte par le baron Gros qui est échangée en 1835 – lors de la constitution à Versailles des galeries historiques voulues par le roi Louis-Philippe et confiées à Granet – avec le Jupiter et Thétis de Jean-Auguste Dominique Ingres (Montauban, 1780 - Paris, 1867).
Désormais forte d’une école de dessin et en possession d’une collection conséquente, la ville d’Aix-en-Provence et les membres du bureau de direction de l’école vont poursuivre leur projet de doter la ville d’un musée. Pour cela, il leur faut un lieu. Ce lieu, ils le trouvent dans l’ancien Prieuré de Malte : le Musée Granet.
Les artistes aixois et leurs œuvres du Musée Granet
Jean Antoine CONSTANTIN, dit Constantin d’Aix (1756-1844) peintre
François-Marius GRANET (1775-1849) peintre
Auguste de FORBIN (1779- Paris, 1841) peintre
Joseph Marius RAMUS (1805-1888) sculpteur
Jean Antoine CONSTANTIN, dit Constantin d’Aix (1756-1844)
Peintre, excellent aquarelliste. Il étudia sous la direction de Kapeller père et de David. Il passa ensuite six années à Rome, pour compléter son éducation artistique, puis revint en 1787 à Aix-en-Provence ou il devint directeur de l’École de Dessin.
Il poursuivit cette activité à Digne sous la révolution Française. En 1791, il sera le professeur de François-Marius Granet (1775-1849), futur membre de l’Institut et Conservateur du Musée du Louvre et du Luxembourg.
Constantin eut une influence considérable sur la peinture provençale moderne. Peintre donc connu, répertorié, côté et présent dans différents musées (Aix, Avignon, Marseille...).
En 1817, il obtint la médaille d’or de l’exposition de Paris. Mort à Aix-en-Provence en 1844.
Professeur de l’école de dessin : Jean Antoine Constantin
Ses élèves : Auguste de Forbin, François-Marius Granet, Clérian
François Marius Granet apprend le dessin grâce aux cours de dessin qu’il suit à l’Académie d’Aix dans l’atelier du peintre aixois Jean-Antoine Constantin qui en est le directeur entre 1785 et 1790.
C’est pendant ces années qu’il enseigne le dessin et la peinture aux jeunes aixois François-Marius Granet et Auguste de Forbin qui seront, plus tard, d’un grand secours pour lui ; ainsi qu’à Louis-Mathurin Clérian.
Car la Révolution bouleverse tout. Un an après la Révolution, l’école de dessin est contrainte de fermer ses portes. En 1798 une nouvelle école de dessin est créée et en 1800, Constantin concourt pour le poste de professeur de dessin de la nouvelle école d’Aix. Goyrand l’emporte et Constantin part à Digne où on lui propose un poste à l’école centrale, poste qu’il occupe jusqu’à sa fermeture en 1804.
Pendant ce temps, à Aix, une nouvelle école communale gratuite de dessin ouvre le 7 novembre 1806, dans l’ancien couvent des Andrettes, et Clérian, ancien élève de Constantin, est nommé directeur. Constantin, de retour à Aix avec sa famille en 1807, en est nommé membre honoraire en 1808. Bien qu’homme hautement estimé à Aix, ces titres n’en demeurent pas moins qu’honorifiques et Constantin « vivote » de quelques leçons pour nourrir sa famille. Ce n’est qu’à 57 ans, en 1813, que Jean-Antoine Constantin obtient un poste de professeur adjoint de paysage dans cette école qu’il a jadis dirigée et dans laquelle il est maintenant sous l’autorité de son ancien élève Clérian.
Dans un article, Adolphe Thiers alors critique d’art, esquisse sur le vif le portait de Constantin : « un génie qui a tissé la soie dans l’ombre…soutenu par le seul amour du beau et l’affection de ses deux élèves, de Forbin et Granet… Respect au génie malheureux... » 1822.
Jean-Antoine Constantin est considéré comme l’un des ancêtres de la peinture provençale. François Marius Granet, Auguste de Forbin, Louis Mathurin Clérian, Émile Loubon sont quelques-uns des peintres postérieurs qui se sont inspirés de ses tableaux.
François-Marius Granet (1775-1849)
Né et mort à Aix-en-Provence, François-Marius Granet est l’élève de Jean-Antoine Constantin, dit Constantin d’Aix, dans sa ville natale. En 1798, il gagne Paris et entre dans l’atelier de David aux côtés de son ami Auguste de Forbin. Une amitié solide se noue entre les deux hommes, ce dernier aidera Granet par la suite dans sa carrière. Il rencontre dans l’atelier du maitre néo-classique Jean-Auguste-Dominique Ingres avec qui il entretient une longue relation d’amitié d’abord à Paris, puis à Rome où Ingres immortalise son portrait (voir photo). En 1802, Granet part pour la Ville éternelle avec son ami Forbin. Il y reste près de vingt années, entrecoupées de quelques séjours à Paris ou en Provence.
D’abord paysagiste, Granet peint en plein air la campagne romaine ainsi que l’architecture de la ville. Il représente également des intérieurs d’églises et des sujets d’histoire souvent inspirés par la vie des grands peintres. Sa production graphique est basée sur les mêmes sujets et se divise en deux groupes : les aquarelles fluides à l’aspect moderne représentant exclusivement des paysages, et les dessins à la plume et au lavis brun que Granet affectionne pour ses scènes d’intérieurs ou vues de cloitres. Ses envois fréquents au Salon à Paris lui valent un vif succès et une renommée considérable.
À son retour d’Italie, l’artiste exerce des fonctions officielles, d’abord conservateur au musée du Louvre puis au Château de Versailles. Nommé en 1833, Granet y organise le musée Historique à la demande de Louis-Philippe. Il s’installe à Versailles dans les dépendances du musée et dessine à l’aquarelle le parc et les environs du château. Peu de temps avant sa mort, il lègue au musée de sa ville natale près de quatre cents tableaux et mille deux cents œuvres sur papier. Le musée sera rebaptisé cent ans plus tard en son honneur. En marge de ce don il lègue aussi au Louvre deux cents dessins et aquarelles prélevés de la donation aixoise.
Le Musée Granet abrite des œuvres à découvrir ou à redécouvrir…
On y trouve notamment des bustes des personnages de cette période historique :
Bustes de François-Marius Granet (à gauche et au milieu), Auguste de Forbin
Le sculpteur aixois Joseph Marius Ramus réalisa des études préparatoires pour les statues de Portalis et Siméon qui sont précieusement conservées aujourd’hui au Musée Granet dans la salle des sculptures en rez-de chaussée. (voir photos ci-après)
À lire aussi :
Portraits de la période impériale : Jean Antoine Constantin, Joseph Marius Ramus, Auguste de Forbin, Jean Etienne Marie Portalis, Joseph Jérôme Siméon et François Marius Granet
Sites de la période impériale : Statues de Portalis et Siméon et fontaine de la Rotonde