Louis Nicolas Philippe Auguste, baron en 1810, puis comte de Forbin, né au château familial de la Roque-d’Anthéron le 19 août 1777, fut peintre, ancien élève des maîtres Constantin à Aix puis de David à Paris, écrivain archéologue et administrateur français. Il succéda à Vivant Denon en 1816 comme directeur général du musée du Louvre.
Une formation de peintre débutée à Aix
Dès l’enfance, Auguste de Forbin fréquente François Marius Granet avec lequel il est élève du peintre Jean Antoine Constantin à Aix-en-Provence. Une amitié solide se noue entre les deux hommes et, par la suite, Forbin aidera Granet dans sa carrière.
En 1793, il est à Lyon lors du siège de la ville par la Convention et assiste à la mort de son père et de son oncle. Il est recueilli et élevé par un habile dessinateur lyonnais, Jean-Jacques de Boissieu, qui l’initie à la pratique de son art. Son goût pour la peinture le conduit ensuite à Paris où il est rejoint par son ami Granet. Tous deux prennent des cours auprès du peintre Demarne, puis quittent son atelier pour devenir élèves de Jacques Louis David.
Jeunesse, Idylle avec la Princesse Pauline Borghèse à Aix et en Pays d’Aix
En 1799, il est incorporé dans le 21e régiment de chasseurs à cheval, et deux ans après dans le 9e régiment des dragons.
Ensuite, il quitte une première fois sa carrière militaire pour se consacrer à la peinture. Il visite l’Italie, où il obtint la protection de la princesse Borghese (sœur de Napoléon), dont il devint le chambellan en 1803 et l’amant jusqu’en 1807. Leurs amours furent abritées à l’hôtel de Forbin, puis plus dicrètement dans le château de la Mignarde à Aix-en-Provence, où Pauline effectua des séjours, et également au château de la Barben appartenant à la famille de Forbin où un boudoir a été décoré pour elle par Granet. Chateaubriand écrit à propos de cette époque (été 1805) dans Mémoires d’Outre-tombe : « M. de Forbin était alors dans la béatitude ; il promenait dans ses regards le bonheur intérieur qui l’inondait ; il ne touchait pas terre ». Lors d’un séjour à Aix-en-Provence, en mai 1807, elle fut reçue à l’hôtel de Forbin. Il en perdit brusquement l’estime en octobre de la même année après que Napoléon 1er a fait mettre un terme à cette liaison interdite.
Carrière militaire au Portugal et en Autriche
Napoléon 1er l’envoya alors au Portugal où il réintégra l’armée, attaché à l’état major du duc d’Abrantès (Junot). Il participe alors à la première campagne du Portugal et reçoit la croix de la Légion d’honneur. Il se distingue en particulier durant la bataille d’Évora, où il fut un des tout premiers à entrer dans la ville avec le général Pierre Magaron.
Il sert ensuite sous les ordres du maréchal duc d’Istrie (Bessières) pendant la campagne d’Autriche. Après le traité de Schönbrunn, il retourne en Italie pour se consacrer aux arts.
Directeur des Musées de France
Il revient à Paris en 1814 au moment de la Première Restauration puis des Cent-jours durant lesquels il termine son tableau "Mort de Pline".
Nommé en 1816 grâce au duc de Richelieu, directeur général des musées royaux, sous la Seconde Restauration, il agrandit celui du Louvre ; crée le musée Charles X pour les antiquités et en établit un musée spécial au Luxembourg pour les œuvres des peintres vivants (en 1818).
Sous sa direction de nombreuses œuvres entrent dans les collections du Louvre, comme Les Sabines et son pendant Léonidas aux Thermopyles de David. Entrent aussi des antiquités comme celles acquises durant son voyage dans le Levant, en particulier des statues égyptiennes comme celle de Sekhmet qui porte l’inscription Forbin sur le pilier dorsal. Entre également la Vénus de Milo découverte en 1820. On peut noter que son futur gendre Marcellus s’est rendu sur place lors de l’acquisition de cette statue par la France.
Après plusieurs années de persévérance, il parvient après la mort de l’artiste, à convaincre le ministre Sosthène de La Rochefoucauld de financer l’acquisition du Radeau de la Méduse de Géricault en 1824. Le tableau est acheté 6 000 Francs par l’intermédiaire de Dedreux-Dorcy ami du peintre.
Voyages
En 1817, Forbin entreprend un long voyage dans le Levant dans l’intérêt des arts. Il embarque à bord de différents navires appartenant à la division navale française au Levant commandée par le commandant Halgan, et arrive après plusieurs étapes jusque Saint-Jean-d’Acre, l’expédition se poursuivant ensuite à terre. Forbin est accompagné des peintres Pierre Prévost et son neveu Léon Mathieu Cochereau ainsi que l’architecte Jean-Nicolas Huyot. L’abbé de Forbin-Janson les accompagne durant la première partie du voyage. Linant de Bellefonds, membre de l’équipage de leur premier navire, quitte celui-ci et se joint en septembre à l’expédition pour aider Pierre Prévost dans son travail.
Les principaux lieux visités sont dans l’ordre Milos, Athènes, Constantinople, Éphèse, Saint-Jean-d’Acre, Jérusalem, Gaza, Damiette, Le Caire, Louxor, Thèbes, Rosette et Alexandrie.
En 1820, il fait un autre voyage en Sicile, qui fera l’objet d’une publication.
En 1828, il subit une attaque vasculaire dont il ne se remet jamais entièrement. En 1841 une seconde attaque le laisse paralysé, il meurt peu de temps après à Paris.
Il est inhumé au cimetière Saint-Pierre d’Aix-en-Provence.
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