Cardinal Joseph Fesch (1763-1839)

Né le 3 janvier 1763, à Ajaccio - mort le 13 mai 1839, à l’âge de 76 ans.



Enfance à Ajaccio

Fils de François Fesch, d’origine suisse, et d’Angela-Maria Pietrasanta, naît le 3 janvier 1763, à Ajaccio. Oncle de Napoléon, cardinal et grand-aumônier de l’Empire, Joseph Fesch et Letizia Ramolino (mère de Napoléon) étaient frère et soeur utérins. Joseph grandit en partageant les jeux et les études des enfants de Letizia Buonaparte. Les maisons Fesch et Buonaparte sont face à face dans l’étroite rue Malerba.

Formation religieuse au séminaire d’Aix-en-Provence

Après ses études chez les Jésuites, il bénéficie d’une bourse royale au séminaire d’Aix-en-Provence grâce à l’évêque d’Ajaccio. Il y restera de 1781 à 1786, manifestant une forte ténacité et conscience dans le travail.
Fin février 1785, Joseph est appelé à Montpellier au chevet de Charles Buonaparte mourant. A la fin de cette année, il reçoit l’ordination sacerdotale, dans la chapelle du séminaire d’Aix, des mains de l’évêque de Vence.

Début de carrière ecclésisatique après l’investiture du Pape

À Ajaccio il recueille l’archidiaconat auprès de Lucien Buonaparte, puis reçoit l’investiture du Pape. Dès le 3 avril 1787, il est installé dans sa fonction, premier personnage du Chapitre, un des premiers du clergé de la ville. En Corse Napoléon dira : « être archidiacre, c’est comme être évêque en France  ».

Parenthèse laïque

En 1790-1791, Joseph Fesch se prononce pour les idées nouvelles, il prête le serment constitutionnel et adhère au Club des Amis de la Constitution. Joseph Fesch, renonçe un temps à l’état ecclésiastique et obtient un emploi auprès de l’armée des Alpes.

En 1796, Napoléon Bonaparte, général en chef de l’armée d’Italie, lui permet de consolider sa position ; il suit l’ascension de la famille et commence à s’enrichir. C’est aussi, pour lui, le début d’une célèbre collection de tableaux récupérés ou achetés. Sous le Consulat, Joseph Fesch acquiert, le 16 mars 1800, l’hôtel du président Hocquart de Montfermeil, rue du Mont-Blanc, à Paris.

Après la signature du Concordat, le 15 juillet 1801 (26 messidor an IX ), Joseph Fesch revient à l’état ecclésiastique. Il fait une longue retraite avec l’abbé Emery, supérieur général de la compagnie de Saint-Sulpice, dont il sort transformé.

Retour aux ordres… Cardinal et titres de prestige

Le 25 juillet 1802, un arrêté consulaire le nomme archevêque de Lyon, primat des Gaules. Le 15 août suivant, le légat Caprara le sacre à Notre-Dame de Paris. Très rapidement, en janvier 1803, il est promu cardinal. Le Premier Consul, son neveu, lui remet lui-même la barrette, dans la chapelle des Tuileries, selon les formes usitées sous ‘‘l’ancien gouvernement’’.

En avril 1803, le cardinal Fesch est nommé ambassadeur à Rome. Avec l’établissement de l’Empire, le cardinal Fesch devient le grand-aumônier de l’Empire, il est sénateur, grand-Aigle de la Légion d’honneur et, en juillet 1805, il reçoit l’Ordre espagnol de la Toison d’Or.

Comme ambassadeur de France à Rome, il négocie et obtient la venue du pape Pie VII, pour le couronnement de Napoléon, le 2 décembre 1804, à Notre-Dame de Paris. Durant la nuit du 1er au 2 décembre, il bénit clandestinement le mariage de Joséphine et de Napoléon, dans la chapelle des Tuileries.
D’autre part, Fesch prépare le couronnement de Napoléon comme roi d’Italie. La cérémonie a lieu à la cathédrale de Milan, le 26 mai 1805. Le cardinal Caprara officiait en qualité de légat pontifical.

Lors du divorce entre Napoléon et Joséphine, le cardinal Fesch se prononce pour la compétence de l’officialité de Paris et c’est le tribunal diocésain qui, le 9 janvier 1810, prononce l’annulation du mariage religieux, célébré clandestinement la veille du Sacre.
Ensuite, le cardinal Fesch, grand-aumônier de l’Empire, bénit le 2 avril 1810, dans le Salon carré du Louvre, le nouveau mariage de l’Empereur avec Marie-Louise d’Autriche. Et c’est lui qui baptise le roi de Rome, le 9 juin 1811, à Notre-Dame de Paris.
En juin 1811, le concile national convoqué à Notre-Dame et présidé par le cardinal Fesch, primat des Gaules, pour régler le problème des investitures, n’aboutit pas à la solution souhaitée par Napoléon, c’est-à-dire à l’investiture par les métropolitains. Sur ce problème, Fesch soutient le Pape contre l’Empereur.

Il apprend la capitulation de Paris. Madame Mère et le cardinal Fesch passent la frontière et se réfugient à Rome, au palais Falconieri, via Giulia. Le Pape les accueille avec sympathie (il a toujours été reconnaissant à Napoléon d’avoir rétabli la religion catholique en France).
Après le débarquement de l’île d’Elbe, Fesch et "Mère" reprennent donc le chemin de Rome et du palais Falconieri. Malgré toutes les pressions du gouvernement français, il refuse obstinément de démissionner de son siège épiscopal de Lyon. Le vieux cardinal rend visite à Madame Mère, au palais Rinuccini.
Bientôt, ils apprennent la mort de l’Empereur en juillet 1821, celle de Napoléon-Louis, fils aîné d’Hortense et de Louis Bonaparte, le 17 mars 1831, lors de l’insurrection de Bologne, enfin celle du duc de Reichstadt, à Schoenbrunn, le 22 juillet 1832. Madame Mère meurt elle-même le 2 février 1836 et le cardinal Fesch, le 13 mai 1839, à l’âge de 76 ans.

Cardinal collectionneur

Grand collectionneur, passionné et riche, le cardinal Fesch avait réuni une prodigieuse collection d’œuvres d’art, essentiellement de tableaux. La plupart de ces pièces ont été dispersées en plusieurs ventes publiques de 1841 à 1845. Cependant, une quarantaine de primitifs italiens et surtout un nombre important d’œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles, avec en particulier des natures mortes napolitaines et de grands tableaux religieux, ont été légués à sa ville natale. Ils sont actuellement exposés au musée Fesch, à Ajaccio. Les bâtiments viennent d’être rénovés et les toiles restaurées (Le Quotidien de Paris, 31 juillet 1990).

En conclusion, dans la mesure de ses moyens, le cardinal Joseph Fesch, croyant sincère et prélat actif et consciencieux, s’est efforcé de concilier les intérêts de Napoléon et de l’Église, ce qui n’était pas toujours facile.


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