Tout commence en 1698, lorsque la cité aixoise se dote d’un hospice des « insensés », installé dans le quartier Bellegarde. Deux siècles plus tard, la loi du 30 juin 1838 impose la création d’un asile dans chaque département. Le docteur Eugène Pontier, nommé médecin-directeur en 1859, milite alors pour un établissement neuf, mieux adapté aux idéaux humanistes et hygiénistes de l’époque.
Le site du Montperrin, vaste domaine agricole au sud de la ville, est acquis en 1862. L’architecture y joue un rôle thérapeutique à part entière : l’espace, la lumière et la nature deviennent des composantes du soin. La construction du nouvel asile débute en 1867 selon un plan pavillonnaire symétrique inspiré du « système français », un modèle d’organisation qui privilégie la séparation des malades par genre et pathologie et la circulation de l’air et de la lumière.
L’architecture comme thérapeutique
Le cœur du domaine s’organise autour d’une allée principale bordée d’arbres, à partir de laquelle se déploient des pavillons. Ces bâtiments, en pierre de Bibémus et en brique, adoptent une architecture sobre mais équilibrée, mêlant rigueur fonctionnelle et élégance méditerranéenne. Les murs d’enceinte, achevés en 1898, parachèvent un ensemble de près de trente hectares, pensé comme un véritable paysage de soin.
Le parc arboré, les cours intérieures et les galeries couvertes participent tous d’une même philosophie : celle d’un lieu apaisé, où la nature et l’architecture soutiennent le rétablissement.
Une histoire hospitalière mouvementée
Au fil du XXe siècle, Montperrin traverse les épreuves de l’histoire. Réquisitions, pénuries et famines pendant la Seconde Guerre mondiale mettent à rude épreuve les équipes et les patients. À la Libération, l’hôpital retrouve progressivement sa vocation première.
À partir des années 1970, la réforme dite de la sectorisation transforme profondément la psychiatrie publique : les soins sortent des murs de l’hôpital et favorisent un accompagnement des patients au plus près de la vie sociale. Devenu aujourd’hui un établissement public de santé mentale de référence, Montperrin conjugue soins, recherche et accompagnement au sein d’un patrimoine préservé.
Derrière ses murs historiques, la modernité des pratiques dialogue désormais avec la mémoire des lieux.
MONTPERRIN, LIEU DE CRÉATION
Situé dans le centre hospitalier psychiatrique Montperrin, le « 3 bis f » est un lieu de création contemporaine depuis 1983. Son nom est celui que portait ce pavillon dès la construction de l’hôpital. Le « 3 bis f » était le secteur des femmes, un lieu d’hospitalisation fermé, un pavillon de force composé de dortoirs et de cellules. La transformation de cet espace anciennement asilaire en un lieu accueillant des résidences d’artistes, ouvert à tous, aux personnes hospitalisées comme aux habitants de la cité, en a fait un lieu unique en France et labellisé centre d’art contemporain d’intérêt national.
« Le Centre Hospitalier Montperrin, ancien asile public d’aliénés édifié à partir de 1867, appartient à une typologie d’architecture asilaire précoce conçu selon le système dit français, caractérisé par la mise en place de pavillons disposés de façon symétrique sur le modèle pavillonnaire, où l’aspect paysager est essentiel. »
Arrêté d’inscription aux Monuments Historiques en date du 5 septembre 2024

