Cezanne en ses murs de Bernard Plossu

Bernard Plossu, qui se qualifie d’auteur photographe, écrivain en images ou poète itinérant, favorise dans ses expositions et ses quelques 300 ouvrages, le noir et blanc, les jeux d’ombre et de lumière, l’itinérance, la rencontre humaine et l’intime. Il considère Edouard Boubat comme son maître. A la fois picturales et cinématographiques ses photographies nous emmènent dans ses univers poétiques et fixent l’instant. Il est adepte de la focale 50 mm et utilise le procédé Fresson pour les tirages au charbon.

« La photographie, c’est une disponibilité au hasard, et le hasard ne vous arrive pas par miracle. On a presque le hasard qu’on mérite, au bout de pas mal de temps, à force d’aller partout, il vous arrive des choses. C’est pour ça que j’aime bien dire qu’on ne prend pas de photos, mais que les photos vous
prennent…   »

«  Ma rencontre avec la ville d’Aix-en-Provence et les paysages cezanniens est ancienne. De 1995 à 2010, j’avais déjà arpenté les chemins de la Sainte-Victoire, elle me rappelait certains déserts américains que j’avais traversés et les artistes américains de cette époque. Pour moi, elle était la montagne blanche. L’exposition au musée Granet regroupait des petits formats photographiques en noir et blanc et a donné lieu à une édition en hommage au black mountain college. À la suite de cela, j’ai fait don de 107  clichés au musée Granet. L’aventure de l’atelier Cezanne vient du même désir d’errer et d’aller à la rencontre d’un paysage, d’une architecture, d’une atmosphère… Ce sont des photos faites en me promenant, pas du tout une commande. Je suis rentré comme par effraction dans ce lieu, sans permission, en touriste. Il y avait une sérénité, un silence qui étaient merveilleux. Je circulais entre l’intimité de ce qui appartenait à l’homme et ce qui appartenait au peintre. Son univers est tellement en accord avec lui que l’on ne peut se tromper. Je vais présenter une vingtaine de clichés noir et blanc à l’Office de Tourisme. Il ne faut pas que la photo devienne un art d’élite. Pour moi, la photo commence à m’intéresser quand je les vois vivre et donc quand quelqu’un d’autre s’en empare. Ce qui me plait dans cette proposition avec l’Office de Tourisme c’est que les gens n’ont aucune idée de qui je suis, ils vont regarder les images, pas mon nom. Pour mes futurs projets, cet été, je dois participer à une exposition en Ardèche à la Fabrique du Pont d’Aleyrac et un projet d’édition sur Aix-en-Provence et les jardins avec le Musée Granet pourrait voir le jour en 2027.  »