Depuis janvier, un discret ballet aérien a débuté au-dessus du centre ancien. Un drone survole méthodiquement les toitures des 2 800 bâtiments du cœur historique. Objectif : prévenir les risques liés au bâti vieillissant et garantir la sécurité de tous, habitants comme usagers du centre-ville. Une opération d’envergure, inédite en France par son ampleur et sa méthode.
Une réponse anticipée à un enjeu national
La Ville d’Aix-en-Provence a lancé le « Plan Vigilance Bâti Centre-ville » à la suite de plusieurs alertes structurelles locales - place des Cardeurs, boulevard de la République ou encore cours Mirabeau - et en écho aux drames survenus ailleurs. Consciente de la fragilité de certains bâtiments anciens - parfois édifiés sans fondations profondes, souvent soumis à l’humidité et aux mouvements de sols - la municipalité a choisi d’agir en amont. Le drone utilisé, équipé d’un capteur de 48 millions de pixels et de plusieurs optiques, capture en haute définition les moindres détails des toitures, façades et cheminées. Les images sont ensuite analysées par des architectes et experts techniques pour détecter les signaux de défauts structurels, fissures, affaissements, tuiles cassées ou manquantes, infiltrations etc. Chaque immeuble est géolocalisé, documenté et classé selon quatre niveaux de vigilance, de A (rien à signaler) à D (danger avéré).
Un outil de prévention, pas de sanction
Les propriétaires reçoivent des fiches de diagnostic accompagnées de préconisations de travaux. Il appartient à chaque propriétaire d’entreprendre les travaux d’entretien de son bien afin d’éviter une procédure de péril. En cas de classement en catégorie C ou D, un second niveau d’analyse est déclenché avec visite des parties communes. Le but : éviter les procédures d’urgence, coûteuses et traumatisantes, comme les arrêtés de péril et les évacuations forcées.
Une démarche préventive et pédagogique, non coercitive.
Ce dispositif s’inscrit dans la continuité des politiques aixoises en faveur de la réhabilitation du centre ancien, déjà renforcées par les OPAH et autres programmes d’amélioration de l’habitat. Il mobilise aussi les syndics, notaires, bailleurs, comités de quartier et habitants, autour d’un objectif commun : préserver la qualité de vie et la sécurité dans le centre-ville, tout en valorisant un patrimoine architectural unique.
Les premières restitutions du diagnostic sont attendues à l’automne. Ce travail minutieux, qui sera renouvelé tous
les cinq ans, permettra d’installer dans la durée une véritable culture de la prévention, indispensable pour un centre ancien aussi vivant que précieux.
Pour en savoir plus
Découvrez l’exposition pédagogique. Semepa, 4 rue Lapierre, du lundi au vendredi, entrée libre et consultez le site internet, www.vigilancebati.fr
