Cezanne au Jas de Bouffan : 10 fragments d’une exposition exceptionnelle

1 - UN SALON DEVENU LABORATOIRE

Dès l’âge de vingt ans, Paul Cezanne commence à peindre directement sur les murs du Grand Salon de la bastide familiale. Il y réalise de grandes fresques - paysages, figures allégoriques, scènes religieuses - sans hiérarchie ni programme précis. Ce décor intime, en partie reconstitué dans l’exposition, permet de mieux comprendre la liberté et la diversité de ses premières recherches.

2 - UN AUTOPORTRAIT EN GUISE DE MANIFESTE

Dans Portrait de l’artiste au fond rose (vers 1875), le jeune Cezanne se représente frontalement, les traits un peu durs, le regard déterminé. Loin de chercher à flatter, il affirme ici son individualité et son engagement artistique.

Ce tableau, prêté par le musée d’Orsay, marque l’un des premiers autoportraits d’une longue série.

3 - UNE MONTAGNE FAMILIÈRE, VUE DEPUIS L’ENFANCE

Dans La Montagne Sainte-Victoire (1897), prêtée par le Kunstmuseum de Berne, Cezanne représente son motif fétiche avec une économie de moyens saisissante. La montagne semble flotter au-dessus de la plaine, entre ciel et pinède, presque irréelle.
Ce tableau tardif condense des années d’observation depuis Aix, et peut-être même depuis les hauteurs du parc du Jas de Bouffan, où le jeune Cezanne la découvrait déjà.

4 - UN PAYSAGE DU JAS AUX COULEURS AUDACIEUSES

Dans Maison et ferme du Jas de Bouffan (vers 1885), prêté par la National Gallery de Prague, Cezanne représente la bastide dans une palette très contrastée : rouge du toit, vert du pré, ciel pâle.
Un tableau qui montre comment, dès cette période, il s’éloigne du naturalisme pour explorer des équilibres de forme et de couleur plus personnels.

5 - UNE SCÈNE DE LA VIE RURALE ÉLEVÉE AU RANG D’ICÔNE

Les Joueurs de cartes prêté par le musée d’Orsay est l’un des tableaux les plus célèbres de Cezanne.
À travers cette scène apparemment simple - deux paysans absorbés dans une partie silencieuse - l’artiste compose une image monumentale, presque intemporelle. L’un des modèles aurait été un ouvrier agricole du Jas de Bouffan.

6 - UNE NATURE MORTE D’UNE PRÉCISION SILENCIEUSE

Pot de gingembre, œuvre majeure prêtée par la Phillips Collection de Washington, condense toute l’approche de Cezanne dans les natures mortes : composition rigoureuse, construction par la couleur, refus de l’anecdote.
Un tableau exemplaire de sa maturité artistique.

7 - UNE REPRÉSENTATION DE LA MONTAGNE SAINTE-VICTOIRE NÉE AU JAS

C’est depuis le parc de la bastide que Cezanne aurait peint ses toutes premières vues de la montagne Sainte-Victoire, un motif qu’il reprendra à de très nombreuses reprises.
L’exposition en montre plusieurs versions liées à ce point de vue initial.

8 - UN PORTRAIT DE MADAME CEZANNE TOUT EN RETENUE

Dans l’un de ses nombreux portraits de son épouse Hortense, Cezanne déploie une grande sobriété : posture frontale, expression neutre, fond épuré.
Ce traitement, loin des conventions du portrait bourgeois, annonce déjà une manière de peindre qui ouvre la voie à l’art moderne.

9 - UNE FIGURE DE BAIGNEUR COMME MOTIF DE RECHERCHE

Le thème du baigneur revient de façon récurrente chez Cezanne.
Dans l’exposition, plusieurs toiles d’étude témoignent de sa volonté de représenter le corps humain en lien avec le paysage, dans une recherche formelle exigeante. Ces œuvres, souvent inachevées, permettent de suivre le cheminement du peintre.

10 - UNE ACADÉMIE QUI SURPREND

Réalisée en 1862 à l’école de dessin d’Aix, Académie d’homme, montre un nu masculin debout, dessiné au graphite.
C’est un exercice imposé, mais chez Cezanne, le trait est déjà tendu, le volume presque sculpté. Même dans un cadre scolaire, on sent la main d’un artiste qui ne rentrera jamais vraiment dans le moule.