Bastide du Jas de Bouffan - Le dernier témoignage de Paul Cézanne

Les vestiges inédits d’une grande fresque du père de la modernité viennent d’être mis à jour dans sa maison familiale d’Aix-en-Provence.

Bastide du Jas de Bouffan - Le dernier témoignage de Paul Cézanne

À la faveur de la restauration de la bastide du Jas de Bouffan, les certitudes des spécialistes de l’œuvre du peintre aixois ont volé en éclat. Tous pensaient que les peintures réalisées sur site avaient été enlevées des murs du « Grand Salon » de cette maison familiale, notamment lorsque « les Cezanne » l’avaient revendue en 1899 à la famille Granel-Corsy. Rappelons que le père du peintre aixois avait acquis cette résidence en 1859 et avait laissé à son fils, la jouissance du lieu. C’est donc dans ce « Grand Salon » que Cezanne, alors âgé d’une vingtaine d’années, prit rapidement possession des murs en réalisant neuf peintures aux thèmes variés. Suite à leur vente par la famille Granel-Corsy, elles appartiennent aujourd’hui à des musées comme le Petit Palais de Paris, le musée d’Orsay ou le musée Nakata Onomichi City au Japon.

UNE DÉCOUVERTE CAPITALE

Il était donc admis qu’il n’existait plus de trace du père de l’Art Moderne sur les murs. Mais en août 2023, dans le cadre de travaux de restauration en vue de l’année « Cezanne 2025 », sont découvertes derrière une plaque de plâtre des portions de peinture de Cezanne. Il s’agit d’un ensemble de 5 à 6 m² correspondant à un tout premier panneau qu’il a peint au Jas de Bouffan. Cette découverte, qui s’apparente à de l’archéologie de l’art, révèle les contours d’une œuvre peinte directement sur le mur. Sur les côtés gauche et droit du mur, des montants architecturaux. Le haut du panneau correspond au ciel sur toute la largeur du mur et on reconnaît encore des oriflammes correspondant au haut d’un mât de bateau. Cette découverte met au jour l’existence d’une représentation totalement inconnue dont le thème pourrait être « L’entrée d’un port ».
Ces fragments ont été authentifiés formellement par la Société Paul Cezanne, réunion des plus éminents spécialistes du peintre et habilitée à authentifier son œuvre. Pour les spécialistes du Maître d’Aix, cette découverte est d’une importance capitale car elle est le dernier témoignage in situ du travail de l’artiste dans sa bastide. Elle permet de percevoir et comprendre, à partir des œuvres du « Grand Salon » peintes sur une dizaine d’années, la révolution picturale que l’artiste opère, passant d’œuvres considérées comme décoratives à des œuvres affirmant sa personnalité d’artiste hors norme et de père de l’Art Moderne.

LA BASTIDE, UN ATELIER EN PLEIN AIR

La bastide du Jas de Bouffan est un lieu fondamental dans l’histoire de Paul Cezanne. Elle a été achetée par son père, Louis-Auguste Cezanne, en 1859 et vendue en 1899. C’est donc à 20 ans que le peintre qui connaît déjà bien cette partie de la campagne aixoise va en faire le centre de gravité de son art qui deviendra au fil du temps, cette « Provence de Cezanne » aujourd’hui connue mondialement. Il s’agit d’un atelier en plein air autant qu’un lieu de résidence et de création. En 1881, le père de Cezanne fait construire pour son fils un atelier sous les toits où il réalisera nombre de ses chefs-d’œuvre, aujourd’hui visibles dans les plus grands musées du monde.

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CEZANNE 2025

Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence, souhaite faire de 2025 une année consacrée à Paul Cezanne, autour d’une saison culturelle et artistique ambitieuse. Elle offrira une programmation pluridisciplinaire liant arts vivants et patrimoine. En points d’orgue, une exposition exceptionnelle au musée Granet, la réouverture de la bastide du Jas de Bouffan et de l’atelier de Cezanne ou la création du Petit musée Cezanne à la galerie de La Manufacture.

UN RETENTISSEMENT MONDIAL

L’information a parcouru la France, mais le monde aussi, en moins de 24h. Elle a été reprise par des journaux de dizaines de pays, de la Chine aux États-Unis en passant par le Mexique. La photo de l’œuvre prise par un photographe de la Ville s’est ainsi retrouvée (entre autres) dans les colonnes du journal dédié à l’art Exibart en Italie, du ArtNews au Japon ou encore du MMC en Slovénie ! Ici, la Une du site internet de La Jornada, un quotidien mexicain.

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Article issu du "Aix le Mag" n°59, à consulter entièrement ici

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