La grande histoire du rugby aixois

Un Aixois dans la mélée All Black en 2007

Alors que la Ville organise un entraînement public du XV de France ce vendredi au stade Carcassonne, retour sur la fabuleuse histoire de Frédéric Marconato, le seul rugbyman français et aixois à avoir "joué" avec les All Blacks.
C’était à Aix lors d’un entraînement public des néo zélandais dans le cadre de la Coupe du Monde 2077. Il en a sué mais y a gagné le plus important de sa carrière : un souvenir à vie.

18 septembre 2007. 10 heures. Stade Carcassonne. Dans la longue file des Aixois qui se pressent devant la tribune, un type trapu en tenue de rugby fait les cent pas. Lui aussi attend les mythiques All Blacks qui ont programmé un entraînement public ce jour-là. Ils se sont installés quinze jours à l’hôtel du Pigonnet pour disputer ce Mondial 2007 organisé pour partie en France.
Le « type », c’est Frédéric Marconato, 26 ans à l’époque, un pilier prometteur, formé à Revel, champion de France toutes catégories chez les jeunes avec le Stade Toulousain, passé par Castres et Montauban, et nouvelle recrue du PARC cette saison-là.

« J’étais arrivé à Aix quinze jours avant. Le 17 au soir, mon président, Lucien Simon, m’appelle et me dit texto « demain, il y a un entraînement des néo-zed, Carl Haymans s’est blessé au mollet, il leur manque un pilier, rendez-vous au stade demain matin ». Autant te dire que je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là, j’avais peur de ne pas être au niveau et d’être ridicule. D’autant qu’il y avait un monde fou dans les gradins. Finalement, ça s’est fait très vite, ils sont arrivés très cool, ils m’ont donné un maillot et une paire de chaussettes et j’ai tout de suite été dans le bain ». Pour le moins.

En tête à tête avec « Yoda »

Fred (au centre) accompagné à gauche par le pilier Tony Woodcock, à droite avec ses célèbres dreads le troisième ligne Rodney So’ialo et au centre le talonneur Keven Mealamu. Son maillot des Blacks est aujourd’hui encadré, à la maison. (Photos Studio Henry Ely Aix)

Première séquence d’entraînement : un tête-à-tête avec Greg Somerville, le pilier de Canterbury, surnommé « Yoda », rapport au maître de la Force Jedi... Une « star » du poste. « Pousser sur lui ça allait mais on était équipés d’un harnais et de sangles tirés par deux entraîneurs derrière nous pour accentuer le travail de résistance. Je n’avais jamais travaillé comme ça ».

Deuxième atelier au menu : la synchronisation de la poussée collective sur un joug équipé d’une citerne de 1000 litres d’eau (1 tonne). « À la première entrée en mêlée, j’ai cru que j’allais littéralement m’encastrer et me fondre dans le joug vu l’explosivité démesurée de la poussée ! Mais au final j’ai plus appris là en dix minutes, que dans toute ma carrière. Ils avaient un type, Mike Cron, un expert en biomécanique. Il fallait avancer le pied droit dans le même millième de seconde à huit bonhommes, pour prendre l’ascendant. Tout était filmé. La mêlée faite, on allait voir la vidéo, l’entraîneur corrigeait et on recommençait. C’était incroyable, j’avais basculé dans la quatrième dimension du rugby ».

« À la première mêlée, j’ai cru que j’avais pris un bus dans la tête »

Le dernier atelier de cette plongée au cœur de la méthode secrète des Blacks débutera pour Fred… le nez dans le gazon. Avec son mètre 81 et ses 110 kilos, il a pour vis-à-vis Neemia Tialata, 1 mètre 87 et 127 kilos. Un bus. «  La première mêlée, je suis tombé, l’impact était trop fort. Après, ça a été. J’avais Ali Williams derrière moi et le regretté Jerry Collins sur le flanc. Ça aide ».

Au final, Fred aura fait le job. « Richie McCaw, le capitaine, m’a pris par l’épaule et m’a intégré au cercle de l’équipe pour le débrief de la séance. Il m’a remercié et tous les joueurs m’ont applaudi. Dans le vestiaire, j’étais assis à côté de Dan Carter et en face d’Ali Williams. Il m’a dit dans un sourire « ce soir, tu vas pouvoir raconter aux filles que tu as joué avec les All Blacks » ».

Ce soir-là, Fred ne l’a pas fait. Il a appelé sa mère en premier, ses potes ensuite. Cette histoire, il la raconte peu mais chaque fois qu’il regarde les Blacks à la télé, l’ancien pilard, cadre aujourd’hui dans l’aéronautique chez Safran à Toulouse, ressent le parfum « d’un moment qui t’habite une vie entière », et l’odeur du pré de Carcassonne une matinée d’automne. Un peu aussi, plus diffuse, celles de « Yoda » et Taliata, les piliers néo-zed, ses adversaires d’un jour.

LA GÉNÉRATION DORÉE

Dans cette Coupe du monde 2007, la génération dorée des McCaw, Carter, Collins, Kelleher s’inclinera (18-20) en quarts de finale le 6 octobre à Cardiff contre le XV de France des Dusautoir, Chabal, Dominici, Jauzion, Michalak. Le match figure dans le Top 10 des exploits du XV de France. Le haka légendaire les yeux dans les yeux est aujourd’hui encore un blockbuster viral des réseaux sociaux. Cette même génération des All Blacks gagnera les deux coupes du monde suivantes...

Les Blacks en 2007 à l’entraînement public organisé par la ville d’Aix déjà : Ali Williams le géant en dédicace avec une fan aixoise
le musculeux et regretté Jerry Collins, trop tôt disparu en séance de dédicaces
et Dan Carter, cible des journalistes du monde entier. Il reste l’un des plus grands joueurs mondiaux de tous les temps. (Photos Studio Henry Ely, Aix)
Frédéric Marconato aujourd’hui

Repères

Né le 20 février 1981 à Revel (Haute-Garonne)
1m81, 110 kg
Clubs : Revel (1995-1997) ; Stade Toulousain ; Castres (2003-2004) ; Montauban (2004-2007) ; Pays d’Aix Rugby Club (2007-2009) ; Avenir Castanéen (2010-2011)
Palmarès : champion de France Cadets (Stade Toulousain) 1997 ; champion de France Juniors Crabos (Stade Toulousain) 1999 ; champion de France des Comités (Midi-Pyrénées) ; Champion de France Espoirs (Stade Toulousain) 2003

Son prono pour la finale de la Coupe du monde

France 20 – NZ 18. Comme en 2007, en quart de finale à Cardiff, fatalement..


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