Le destin ne tient souvent qu’à un fil. Celui d’un antivol, en l’occurrence, qui ne résista pas. Que le voleur du vélo du "petit" Pierre (1 m 92 à l’époque déjà) soit définitivement béni des dieux d’Ovalie car faute de BMX (son sport de l’époque), c’est au club de rugby d’Aix qu’il alla se consoler.
"J’ai suivi des potes qui me tannaient depuis longtemps pour jouer, j’avais 14 ans, je ne connaissais même pas les règles. Mais les valeurs de ce sport, le combat, l’humilité, le partage surtout avec les autres, m’ont tout de suite fasciné. Et puis un an après, il y a eu la Coupe du monde en Afrique du Sud bâtie par Nelson Mandela comme une force politique d’émancipation. Ça a été un choc, une dimension hors normes, ça a fini de me convaincre".
Pierre est doué. Et donc repéré. Sélections régionales, équipe de France des moins de 18 ans avec laquelle il gagne le tournoi des V Nations à l’époque, en 1998… "la même année, j’ai été recruté par le Stade Français, sans jamais avoir pensé faire un jour du rugby mon métier."
Et le métier il l’a fait. 17 ans de labeur, de bonheurs et de heurts, cinq titres de champion de France, l’un des plus beaux palmarès du rugby français et l’une des plus belles collections de points de suture du Top 14.
Pierre Rabadan, c’est le prototype du soldat. Loin des apparences, c’est plus pour avoir mis la tête là où d’autres ne mettraient pas les mains que Rabadan doit sa plus grande fierté : celle d’un joueur viril mais correct. Loyal, engagé, dur au mal mais pas brutal. Ce qu’il est toujours aujourd’hui pour affronter les joutes souvent plus violentes du monde politique dans lequel il évolue désormais.
"L’enjeu de la Coupe du monde et des Jeux ? Le partage collectif des valeurs du sport"
Adjoint au sport à la mairie de Paris, en charge des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, l’Aixois est aussi au cœur de la Coupe du monde 2023, "une sorte de répétition générale et à la fois, un événement mondial à part, sur lequel l’enjeu reste le partage collectif des valeurs du sport".
Petit pied de nez du destin, le jeune Pierre avait participé à la rédaction d’un supplément sur les Jeux de l’an 2000 à Sydney. Alors stagiaire en journalisme (il est diplômé depuis du CFJ de Paris) à l’agence aixoise de La Provence, il est chargé de rédiger le portrait de Pascal Gentil, la star du taekwondo à l’époque, licencié à Aix.
24 ans après, il est l’un des hommes clés de l’organisation des Jeux de Paris. Et il a croisé Pascal Gentil il y a peu, en charge, lui, de la sécurité.
Il y a des clins d’œil de la vie, comme ça, qui ne s’oublient pas. C’est un peu comme le vélo…
Sa fiche
Né à Aix-en-Provence le 3 juillet 1980.
Pro au Stade Français de 1998 à 2015.
3e ligne centre ou aile.
Champion de France juniors en 1999, champion de France en 2000, 2003, 2004, 2007 et 2015.
Finaliste de la Coupe d’Europe en 2005.
2 sélections en équipe de France.
Son prono finale de coupe du monde
France 24 - Nouvelle-Zélande 12
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