POUR SOPHIE JOISSAINS : « LA SOUVERAINETÉ D’AIX-EN-PROVENCE N’A PAS DE PRIX ! »
Il est important de distinguer la notion de coût (un calcul) de la notion de prix (une valeur d’échange). Le prix se négocie, il ne se calcule pas, mais le calcul d’un coût sert à déterminer le prix minimum acceptable par le vendeur. Qu’on se le dise, la Ville d’Aix en Provence n’est pas à vendre et sa souveraineté non plus.
AIX LA ROMAINE
Depuis sa création en 122 avant JC, Aquae Sextiae est une capitale. D’abord, elle devient la première ville romaine sur le territoire de la France actuelle, créée par le Consul Romain Caius Sextius Calvinus, à la suite d’une expédition menée contre l’oppidum d’Entremont (capitale Salyenne). La position d’Aquæ Sextiæ est stratégique, située entre l’Italie et l’Espagne entre Massalia et la Durance. Il est impératif pour la République romaine de protéger cette région et faciliter le passage des convois et des armées romaines, tandis que le Pays d’Aix est aux mains des tribus salyennes. Avec la prise de l’oppidum par Caius Sextius Calvinus, en 123 av. J.-C., le plateau d’Entremont est abandonné et les populations de l’oppidum viennent peupler la nouvelle ville romaine créée au pied du plateau. Vers 90 av. J.-C., Entremont est totalement inhabitée et Aix va commencer à se développer à l’aide des pierres d’Entremont qui vont être réutilisées pour permettre la construction des maisons aixoises.
AIX L’INDÉPENDANTE
Ce retour à l’Histoire permet d’expliquer le besoin d’indépendance de la Ville dans sa gestion quotidienne, alors même que la tendance actuelle est la négation, voire la disparition des communes. L’Etat a amorcé un virage idéologique dans les années 2010, après 30 ans de décentralisation. Les lois de 1982 et 1992 ont vécu. Elles sont remplacées par les lois de 2014, 2015 et 2022, et par une forte tendance à la recentralisation.
La Ville d’Aix en Provence qui est « rentrée » en intercommunalité en 1993, par conviction, n’a plus d’intérêt aujourd’hui à être intégrée dans un ensemble politique et de gestion tel que la métropole, où elle ne peut plus exprimer sa souveraineté.
AIX LA SOUVERAINE
Aix-en-Provence aspire à une souveraineté sur la gestion du quotidien, elle souhaite pouvoir conserver sa voirie, ses parkings qui sont les conditions sine qua none du développement de sa politique de centre-ville. Elle souhaite retrouver la plénitude de son offre culturelle et sportive en termes d’équipements alors qu’aujourd’hui, quelques établissements lui échappent et entament la cohérence de ce schéma d’équipement, en termes d’offres, de tarification, de complémentarités. Elle souhaite retrouver une souveraineté en termes de fluides : le retour du réseau de chaleur urbain est en cela une excellente nouvelle qui va lui permettre de prioriser une extension du réseau sur certains quartiers de la commune. La souveraineté en termes d’eau n’est pas remise en question depuis que la commune a transformé sa régie des eaux aixoise en régie des eaux du pays d’Aix, mais il faut veiller à ce que cet équilibre ne soit pas remis en question. Face à la métropolisation de son PLU et aux contraintes du PLH, elle souhaite également rester souveraine en matière d’habitat et d’aménagement urbain, afin de maintenir à la fois son attractivité et les atouts d’une cité aux dimensions humaines, à travers un dynamisme équilibré basé sur une emprise foncière raisonnée et un cadre de vie apaisé. Aix-en-Provence a les moyens de revendiquer sa souveraineté, notamment grâce à des moyens opérationnels de gestion des compétences. Ce n’est pas forcément le cas d’autres communes alentour qui souhaiteraient… mais sont contraintes au compromis, faute de moyens.
AIX LA CAPITALE
Aix est indépendante depuis l’an -122 mais elle n’est pas isolée. En effet, Aix-en-Provence est une capitale, elle attire, elle fédère. Lorsque la Provence devient française en 1481, Aix ne perd pas sa prééminence sur Marseille dans la région. Elle reste la ville administrative par excellence. En 1502, la décision de créer un parlement de Provence ne souffre d’aucune discussion quant à sa localisation. C’est la capitale qui est choisie. Lors de la création des départements en mars 1790, le chef-lieu des Bouches-du-Rhône choisi par l’Assemblée constituante était Aix-en-Provence. À l’époque, la ville s’appelle Aix tout court et ne prend le qualificatif d’en Provence qu’en 1932 pour la différencier des autres villes portant le patronyme d’Aix sur le territoire français. Le choix de l’Assemblée pourrait aujourd’hui paraître saugrenu car Marseille est plus grande mais il a un fondement historique : Aix est la capitale historique de la Provence.
En 1993, puis en 2000, Aix-en-Provence est la ville-centre de la Communauté de Communes du Pays d’Aix, puis de la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix.
Aujourd’hui, elle jouit de nombreux partenariats, notamment financiers avec l’État et les collectivités locales (qui lui procurent 22,5 % de sa capacité d’investissement). Aix en Provence est au cœur de dispositifs innovants avec la CCI Marseille Provence et avec la Chambre des Métiers. Elle est à l’origine de dispositifs qui ont été repris par la Métropole depuis la fusion métropolitaine, notamment en termes d’Habitat, de Sport et de culture ou de développement durable.
« Aix-en-Provence n’aspire pas à la dilution, au compromis, à la perte d’identité. Elle est la capitale de la Provence et porte fièrement le drapeau de la culture et du patrimoine, de la qualité de vie et de l’emploi, de la sécurité et de la végétalisation. Les Aixois ne seront pas une monnaie d’échange, ils seront défendus à n’importe quel coût, car notre « art de ville » n’a pas de prix ».
PÔLE D’ACTIVITÉS D’AIX LES MILLES : BHNS OU TRAIN
En matière de mobilité et d’infrastructures de transports, Aixen-Provence et son pôle d’activités - le plus florissant de la métropole - mérite une attention particulière car il s’agit du poumon économique avec ses 40 000 salariés.
La zone de la RD9 est saturée et les employeurs reçus par le Maire, en novembre dernier, craignent des conséquences sur l’emploi. Il y a donc urgence à trouver une solution. On rappelle que la ville et la CPA ont perdu cette compétence transports depuis 2016 : la métropole l’a récupérée pour le routier et la Région est historiquement compétente pour le ferré.
Deux solutions semblent pouvoir apporter des réponses à ces problèmes d’engorgement : le ferré ou le BHNS.
La solution la plus rapide, c’est le projet de BHNS que la métropole a engagé et que nous réclamons en cœur avec l’ensemble des forces économiques de la métropole. Le GIP transports du plan Marseille en Grand aurait d’ailleurs dû se saisir financièrement du dossier depuis le début.
Nous ne sommes pas contre la réouverture de la ligne AixRognac, au contraire, nous avons d’ailleurs interpellé le préfet, le ministre des Transports et les conseillers du Président Macron. Mais il y a des blocages. Le maire n’a pas l’habitude de lâcher la proie pour l’ombre, donc tant que ces blocages ne sont pas levés, nous avançons sur la piste de BHNS qui peut être complémentaire au rail.
La solution BHNS a l’avantage d’être écologique avec 0 % d’émission de carbone et a l’avantage d’aller dans le pôle d’activités plus finement en termes de desserte ultime. La solution ferrée a l’avantage d’exister et de permettre à terme d’être une armature pour un réseau plus important comme celui d’un tram train par exemple qui maillerait le nord du territoire jusqu’à Pertuis et pourrait aller jusqu’au bord de l’étang de Berre en passant par l’aéroport.