LA MÉTROPOLE BÂILLONNE LES AIXOIS
Le 20 octobre dernier, à l’occasion du dernier Conseil de Métropole, les élus aixois de la majorité, rassemblés dans le groupe d’opposition « Aix-Pays d’Aix » au sein du Conseil de la Métropole, ont été bâillonnés car leur parole dérange. Signe d’une vision différente de la démocratie locale… et d’une application différente. Alors que Gérard Bramoullé, 1er Adjoint au Maire et vice-Président du Groupe Aix-Pays d’Aix s’exprimait à l’occasion du Débat d’Orientations Budgétaires pour le budget 2023, la Présidente de la Métropole, qui dispose du droit de police de l’assemblée, lui a coupé le micro. Le Débat d’Orientations Budgétaires, comme son nom l’indique, doit être l’occasion pour les élus, de trouver l’orientation financière et budgétaire de l’exercice à venir, qui permette la mise en oeuvre de la politique et des ambitions affichées. Gérard Bramoullé expliquait alors que, dans l’incertitude internationale (conflit en Ukraine), nationale (projet de loi de finances chahuté à l’Assemblée et contexte d’inflation) et locale (périmètre des compétences et équipements métropolitains encore inconnu), il valait mieux reporter le vote du budget à début 2023. En effet, la perspective d’une hausse généralisée d’impôts pour tous les métropolitains, y compris les contribuables aixois (déjà largement mis à contribution depuis 2016 par la Métropole), mérite qu’on trouve des alternatives et qu’on se laisse le temps pour cela. Cette contradiction, que seuls les élus aixois de la majorité assument publiquement, a agacé la présidente de la Métropole qui a alors fait preuve d’un excès de ses pouvoirs de police de l’assemblée. Ce geste est très grave et rempli de symbole !
Le Maire d’Aix-en-Provence a immédiatement interpellé le représentant de l’État dans le département, afin qu’il fasse respecter l’expression de la démocratie dans l’assemblée métropolitaine. Nous assistons ni plus ni moins qu’à un bâillonnement de la voix des Aixois au travers du retrait de la parole de leurs représentants à la métropole, alors qu’il existe un règlement intérieur prévu pour l’expression des conseillers métropolitains. Nous sommes en droit de nous interroger sur l’utilisation abusive du pouvoir de police de l’assemblée par la présidente : un pouvoir de police ou un pouvoir de faire taire ? Outre cette vision différente en matière financière, le groupe « Aix-Pays d’Aix » avait prévu plusieurs interventions sur différents rapports pour sans cesse défendre les Aixois contre les décisions de la Métropole qui iraient à l’encontre de leurs intérêts.
Parmi ces rapports, celui de la convention entre la Métropole et le Groupement d’Intérêt Public sur le volet mobilité du Plan Marseille en Grand. En effet, la Métropole a préféré inscrire dans ce plan, le projet d’extension du BHNS jusqu’à Malacrida, plutôt que le projet de seconde ligne de BHNS jusqu’aux Milles (pôle d’activité et La Duranne). Ce choix méritait d’être discuté en matière de priorités, compte tenu de l’enjeu économique du pôle d’activité pour Aix-en-Provence et pour toute la Métropole. Citons pour cela le magazine Urbanisme du mois d’octobre : « Sans faire injure au grand périmètre d’Euroméditerranée, qui transforme depuis 1995 le littoral portuaire de Marseille en grand quartier d’affaires, c’est bien sur la zone d’emploi d’Aix, aux Milles (…) que s’exerce la plus grande dynamique économique du territoire métropolitain, celle qui créée le plus d’emplois et de valeurs. »
La municipalité aixoise donne la parole à la population
Cette méthode qui consiste à retirer la parole n’est pas celle de la municipalité et nous préférons compter sur la concertation, la consultation et, plus globalement, recueillir l’avis de la société civile pour enrichir la décision. En effet, en plus des réunions régulières avec les CIQ et les réunions publiques par quartiers et villages, le Maire a souhaité créer le Conseil Consultatif Civil et Citoyen (4C) pour associer l’avis de la société civile sur certains dossiers. Autre élément de la méthode du Maire d’Aix-en-Provence : faire appel à la consultation publique lorsqu’un dossier concerne une partie de la population et que les avis ne sont pas tranchés. C’est le cas dans le dossier de voie nouvelle urbaine des Milles, géré par la Métropole. Il est envisagé de dévier un flux circulatoire nord/sud, qui passe actuellement au centre-ville des Milles, vers une nouvelle voie urbaine, permettant également de désenclaver le quartier de la Badesse. Cette solution souhaitée par les CIQ il y a quelques années, semble contrarier des riverains constitués en associations.
La municipalité a donc décidé que dans ce cas précis, la population Milloise devait être consultée et qu’au regard d’une position qui s’affirmerait, le Maire d’Aix-en-Provence demandera alors à la Métropole de poursuivre ou stopper le processus. Qu’on ne s’y méprenne pas, si le Conseil de Territoire du Pays d’Aix ne peut plus jouer son rôle de proximité depuis sa disparition, le 1er juillet dernier, la municipalité aixoise entend bien s’y substituer pour préserver la qualité de vie et le quotidien des Aixoises et des Aixois, en laissant les avis, quels qu’ils soient, s’exprimer.
LA VILLE ET LE MONDE ÉCONOMIQUE POUR UNE NOUVELLE LIGNE DE BHNS ENTRE AIX ET LES MILLES
La métropole, malgré la volonté du monde économique et de la Ville, refuse d’inscrire le développement d’une deuxième ligne de BHNS (Bus à Haut Niveau de Services) d’Aix-en-Provence jusqu’aux Milles, et à la Duranne, dans le volet Mobilité du Plan Marseille en grand, géré par le GIP, présidé par Martine
Vassal.
Les élus aixois vent debout aux côtés du monde économique (Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille Provence, UPE 13, et Club Top 20) ont obtenu que d’ici la fin de l’année le Groupement d’intérêt Public (GIP) Aix-Marseille-Provence Mobilités se réunisse. Ils entendent à nouveau plaider pour cette ligne qui fluidifierait cet axe stratégique, qui dessert le pôle économique le plus important de la région et un des plus dynamiques de France avec près de 30 000 emplois et 6 000 entreprises.
Aujourd’hui, il en résulte des problèmes de mobilité quotidien par des blocages de la RD9, 6 à 8 heures par jour, mais également des problèmes de pollution de ce secteur géographique ainsi qu’un handicap croissant des entreprises pour recruter du personnel.
PLAN VÉLO, UNE QUESTION D’ÉCHELLE
L’État a annoncé un grand Plan vélo national de 250 millions d’euros en 2023. Si la somme semble importante, ce plan vélo ramené à l’échelle de la France (68 millions d’habitants) représente un ratio de 3,70 € par habitant. Ce qui est très faible quand on connaît le retard dans ce domaine.
Avec son plan vélo, la Ville d’Aix-en-Provence investit entre 4 et 5 millions d’euros chaque année depuis 2020.
Ramené à la population aixoise, cela représente un ratio de près de 30 € par habitant et par an. Ce qui semble plus réaliste.