Face à la flambée des prix, la Ville lance une chasse au gaspillage

La flambée des prix de l’énergie a impacté le budget de fonctionnement 2023 de la Ville à hauteur de 4 millions d’euros. Un vaste plan de sobriété énergétique a été lancé il y a quelques années, son accélération est en cours d’élaboration, mais pas question de toucher au confort des enfants, ni à celui des séniors.

Face à la flambée des prix, la Ville lance une chasse au gaspillage

Réduire l’éclairage public, baisser la température dans les bâtiments publics... Alors que le gouvernement a fixé l’objectif de baisser de 10% la consommation d’énergie en France d’ici à 2024, la ville d’Aix élabore en ce moment une stratégie pour faire des économies d’énergie et baisser sa facture de gaz et électricité, qui s’est envolée depuis le début de l’année.

Sobriété énergétique oblige, elle réfléchit à des mesures concrètes pour faire la chasse au gaspillage, en matière d’éclairage public ou de température des bâtiments publics. Certaines de ces mesures font écho à l’audit d’optimisation énergétique du patrimoine bâti de la Ville qu’elle a initié depuis janvier 2021.

Le monitoring énergétique pour optimiser 240 équipements publics aixois

"Monitoring énergétique", derrière ce nom un peu « techno » se cache tout simplement l’analyse des données des consommations énergétiques d’un bâtiment, pour en définir les potentiels gisements d’économie.

Et c’est précisément le défi que s’était lancé la Ville d’Aix-en-Provence depuis janvier 2021. Sur un trimestre, avec le concours d’une société de la GreenTech spécialisée dans l’optimisation énergétique des bâtiments, la Ville a réalisé cette analyse, sur 240 de ses bâtiments, pour une surface de 300 000m².

Dix d’entre eux, représentatifs du parc immobilier, ont ensuite donné lieu à un audit plus poussé, parmi lesquels figurent des gymnases, l’ancienne Halle aux grains ou encore des entrepôts techniques.

22%

c’est la part du montant total consacrée à la performance énergétique de la réhabilitation de la bibliothèque la Méjanes. Le budget prévisionnel global du chantier de réhabilitation est de 23 845 000€.

« Réaliser des économies d’énergie est aujourd’hui indispensable pour la collectivité à un double égard, environnemental et économique. En nous appuyant sur une entreprise spécialisée dans l’optimisation énergétique de nos bâtiments, nous pouvons ajuster notre stratégie et réduire nos consommations » confie Madame le Maire.

Cet audit a permis à la Ville de définir une stratégie d’optimisation de remise en état des installations, de rénovation et d’optimisation des équipements de façon sectorisée et hiérarchisée. Elle se traduit sous la forme de trois types d’actions reproductibles à l’ensemble du patrimoine bâti.
Tout d’abord, celles qui ne nécessitent pas ou très peu d’investissements comme le réglage ou le pilotage du chauffage, celles proposant des petits ou moyens investissements comme le remplacement des chaudières ou l’installation de pompes à chaleur et enfin les gros investissements qui consistent à réfléchir à la rénovation globale des bâtiments. A elles seules, la mise en application des deux premières permettrait à la Ville de réaliser des économies d’énergie de l’ordre de 15 à 20%.
Une réflexion bien entamée par la commune, qui déjà avait recruté un économe de flux en 2014.

Pas question de toucher au confort des enfants ni à celui des séniors

Le gouvernement a rappelé qu’il est recommandé de limiter a température d’une pièce à 19°C. Pour rappel, baisser son chauffage de seulement un degré correspond à 7% d’économie d’énergie, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe).

Pour la Ville, l’impact ne serait pas négligeable puisque le poste chauffage représente à lui seul 75 % de sa consommation globale d’énergie, les écoles consommant 15 Gwh/an dont 85% rien que pour le chauffage.
Aussi, l’une des mesures les plus marquantes aura été de décaler la période de chauffe des 76 écoles de la Ville. En fonction depuis le 31 octobre, cette année, la chauffe effective n’a débuté qu’au 7 novembre, jour de rentrée scolaire. Un décalage du fonctionnement certes, mais pas question de toucher aux températures. Bien que réduite la nuit, à Aix, les classes continueront d’être chauffées à 21°C en journée. Un choix affirmé par le Maire, Sophie Joissains, alors même que la réglementation fixe leurs températures à 19°C.
Les bâtiments administratifs et culturels seront quant à eux chauffés en journée à 19°C, 15°C la nuit. Quant aux gymnases, également fréquentés par les scolaires et des seniors, là aussi la Ville a fait le choix de ne pas modifier ses températures de chauffe et de maintenir leur température consigne à 19 °C en journée.

Isoler pour moins consommer

Isolation des murs par l’extérieur, des combles, de la toiture, remplacement des ouvrants par du double vitrage, des radiateurs électriques par des pompes à chaleur, ou encore de l’éclairage vétuste par des LED, autant de travaux qui sont conformes aux ambitions d’efficacité énergétique du moment et qui s’appuient sur les préconisations de l’audit énergétique réalisé en amont. Les toitures et les huisseries ont d’ores et déjà été réalisées et, d’ici cinq ans, toutes les façades seront isolées.

Ce programme de rénovation énergétique concerne une cinquantaine d’écoles, principalement celles réalisées après le deuxième choc pétrolier de 1979. Parallèlement, la Ville poursuit l’installation de ventilateurs en plafonnier, pour équiper les 386 classes aixoises sur deux ans, pour un montant de 700 000 €. Cette solution éprouvée depuis de nombreuses années permet d’améliorer le confort d’été. Elle présente l’autre avantage, en destratifiant l’air, de contribuer à améliorer le confort thermique en hiver. En effet, en hiver, l’inversion du sens de rotation des pales, permet aux ventilateurs de destratifier l’air chaud stocké au plafond.

4 million d’euros

c’est le coût pour la Ville de la flambée des prix de l’énergie

Mais tous ces travaux ne se font pas sans contraintes bien au contraire, car travailler dans une école, c’est avant tout travailler dans un milieu occupé. Ils sont donc programmés en majorité l’été, lorsque les enfants sont en vacances. Une contrainte qui a pour conséquence de limiter le nombre d’interventions. Aussi, pour accélérer son programme de rénovation énergétique, la Ville réfléchit à la possibilité de délocaliser les enfants pendant les travaux, de manière à pouvoir traiter plus d’écoles chaque année, y compris en période scolaire.


Article issu du "Aix le Mag" n°51, à consulter entièrement ici