Un visage, une faconde. Christian Califano, 51 ans depuis mai dernier, est un personnage, un caractère. Un homme ancré dans le rugby comme il l’était dans les mêlées, lui l’indéboulonnable pilier d’un XV de France qui tutoyait les sommets (deux grands chelems, une demie et une finale de coupe du monde). Si l’on ajoute six titres de champion de France et une Coupe d’Europe avec Toulouse, le palmarès pose l’homme et le sportif. Mais ne peut pas le résumer.
« Cali », c’est surtout un gars biberonné au rugby, celui du terroir, des clochers, des copains. Il a beau avoir connu les fastes d’une carrière exemplaire, il n’a jamais coupé le cordon. « Il m’arrive encore d’aller voir quelques matchs de rugby chez les amateurs. Mais je ne l’annonce jamais ! Je ne veux pas me faire inviter, être en tribune avec les officiels. Je veux rester un observateur, échanger avec les gens du rugby. Ils ont tous des analyses très pertinentes ».
Christian Califano a connu la fin de l’amateurisme et le début d’un autre rugby. Mais pas question pour lui de les opposer. Le second puise sa réussite dans le premier. « On a tous en nous la force du rugby amateur. On l’a vu avec Antoine Dupont. Lorsqu’il s’est blessé, il s’est rendu chez lui, à Castelnau-Magnoac. Il a vu un match, il s’est ressourcé. On a tous besoin de ça. Rugby amateur ou pro, c’est toujours une grande et belle famille, même si ça semble un peu naïf. Oui, j’ai gagné des Brennus, c’est formidable. Mais j’aurais voulu remporter un titre en Fédérale avec mon premier club ».
Aix a eu le privilège aussi de bien connaître le gaillard. Après un dernier round en Angleterre, à Gloucester, en 2008, un crochet par Toulon à la maison, puis comme entraîneur du club de Bastia, Christian Califano devient Directeur du développement de Provence rugby en 2017, en charge de l’homogénéisation de la politique sportive du club, de l’école de rugby jusqu’à l’équipe première via l’Académie et le Centre de Formation notamment.
« Je me suis développé humainement à Aix-en-Provence et je me m’y suis vraiment épanoui » dit-il, après deux saisons passées dans un club dont il n’est jamais très loin depuis.
« Les joueurs du XV de France ? je l’ai vu débuter et grandir »
Cali n’a jamais rompu le lien avec ce rugby des territoires. Essentiel dans son rôle d’homme de terrain sur TF1, lors du Mondial, son quatrième comme consultant après avoir tenu le micro et le crachoir en 2011, 2015 et 2019. Le voilà de nouveau dans ce costume. Son credo ? Toucher un public large.
« À la télé, je suis dans l’explication simple, basique. Je ne veux pas partir dans des grandes théories, notamment sur la mêlée. J’en aurais pour des heures (rires) . Sur le terrain, je suis les yeux du duo François Trillo-Benjamin Kayser. J’essaie de trouver l’instant magique ».
La magie, elle, opère depuis début septembre. « Ce qui me plaît, c’est l’engouement dans les stades, avec les supporters. Tout le monde parle de cette coupe du monde ! On entend toutes les personnes dire que l’on va être champions du monde. Et tout le monde va en retirer les bénéfices, pros comme amateurs ». « Cali » aimerait bien voir ces Bleus soulever le trophée William Webb Ellis au soir du 28 octobre. En tant que passionné, supporter, ancien joueur mais aussi « parce que la plupart de ces joueurs, je les ai vu débuter, grandir. J’ai une relation particulière avec eux ».
Lui a échoué tout près du Graal. Par deux fois. En 1995, les Sud-Africains barrent la route du XV de France en demi-finale, dans des conditions particulières (la pelouse gorgée d’eau, un essai refusé injustement à Benazzi), lors d’un Mondial que les Springboks devaient gagner.
Quatre ans plus tard, un exploit contre les All Blacks les propulsent en finale, où ils échouent contre l’Australie. « Si on gagne cette coupe du monde 2023, la 10ème, on sera lavé de tout. De 1995, de 1999, mais surtout de 2011 (finale perdue d’un point contre les All Blacks, chez eux, ndlr) ». Lui mise sur une finale entre les Bleus et les Blacks, un autre pays qu’il connaît bien, puisqu’il a porté les couleurs des Auckland Blues au début des années 2000. Avec une victoire française à la clé. Foi de « Cali ».
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